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Que faire lorsque l’arc-en-ciel pâlit? Il est affiché courageusement depuis le mois de mars pour proclamer que tout irait bien, malheureusement, en ce moment, ce n’est pas la réalité. Je ne sais pas pour vous, mais la situation ne s’améliore pas du tout où je demeure et où s’accumulent des patients contaminés et des décès, et ce sans compter les histoires d’horreurs provenant des foyers de personnes âgées. Les lits dans les hôpitaux sont presque tous occupés ; le système arrive à sa limite et risque de craquer. Les gouvernements s’engagent dans la voie de la critique plutôt que de la coopération. Remplis de frustration, des gens crachent leurs désaccords dans les médias sociaux sur les moyens à prendre. Je peux comprendre ; nous affrontons la même tempête, mais nous ne sommes pas dans le même bateau et réagissons différemment. Toutefois, devrions-nous exprimer tant de méchanceté l’un envers l’autre? Vraiment, en toute honnêteté, « Ça va mal! » 

Accroché à ma fenêtre, cet arc-en-ciel, que j’ai peint il y a si longtemps et qui jour après jour est censé refléter l’espoir, pâlit de plus en plus au Soleil. Ce Soleil, je ne le ressens pas dans mon cœur ou sur ma ville et je me demande où tout cela mène. Est-ce que ça ira vraiment bien? Quand? Comme le mentionnait une amie dans une conversation, « ça me démange que la vie reprenne son cours habituel » et je ne suis sans doute pas la seule à l’approuver. Cette expression décrit parfaitement l’état de mon âme. Quand ça me démange quelque part, je n’ai qu’à gratter pour résoudre le problème, n’est-ce pas? Il n’y a pas trente-six solutions, tu grattes à l’endroit qui pique pour le soulager. Ça me démange en ce moment et il n’y a qu’une chose qui m’apportera satisfaction, un retour à la normale : le virus, la crainte, les multiples décès, et probablement la pire récession économique de l’histoire. Laisse-nous vivre comme avant Seigneur, stp!

Dieu me semble plutôt silencieux ces temps-ci. Je participe à plusieurs groupes de prières aux niveaux mondial, national, provincial et local. Nous prions et intercédons ; nous déversons nos cœurs, confessons nos péchés, croyons aux miracles. Pourtant, nous ne relevons que des bribes de réponses éparses çà et là, mais pas de grands mouvements ou de percées spirituelles ou physiques majeures. Persévérer s’avère difficile alors que je réalise encore que mon christianisme occidental manque de persistance et je ne me sens pas seule en ce cas. Je me suis tellement habitué à mon confort, aux réponses que je trouve moi-même, à l’inutilité d’une réelle théologie personnelle de la souffrance. Celle-ci, bien honnêtement, est si peu présente dans ma vie quand je me compare aux frères et aux sœurs qui vivent outre-Atlantique. Je désire une réponse de Dieu pour hier et lorsque je n’obtiens pas une parole fraîche pour aujourd’hui, l’inquiétude et l’angoisse me saisissent. Je trouve difficile de prendre assurance dans ce qu’il a déjà révélé et l’insécurité me gagne.

À peine deux mois dans cette crise insensée, je dois admettre un certain embarras en constatant une telle défaite personnelle.

Cependant, l’arc-en-ciel trône toujours à la fenêtre. Je vais devoir trouver une phrase plus accrocheuse que « Ça va bien aller! » pour soulager la démangeaison et la brulure qui affligent mon âme. Je regarde encore à cet arc-en-ciel… Cette phrase que nous avons créée peut changer à tout moment, mais l’arc-en-ciel lui ne vient pas de nous, mais de quelqu’un de plus grand.

Lorsque je pense à l’arc-en-ciel, j’imagine un Soleil brillant après un fort passage nuageux furieux et sombre, mais qui ne dure que l’espace d’un moment. Toutefois, l’origine du premier arc-en-ciel ne provient pas d’un simple passage nuageux. Le ciel et la Terre se sont rompus dans un déluge de 40 jours et 40 nuits qui, en un torrent, a couvert et nettoyé la terre de tout être vivant. L’arc-en-ciel représentait une promesse, une alliance, entre Dieu et les créatures de la Terre qu’aucun désastre de la sorte ne détruirait ainsi toute vie. C’est puissant n’est-ce pas! Une parole de Dieu, son amour écrit dans le ciel! Dieu se souvient. Dieu a parlé autrefois et parfois ses réponses ne viennent qu’après un solide ébranlement.

Toutefois, dans la Bible on retrouve un autre arc-en-ciel qui pourrait représenter la clé afin de comprendre notre époque et celui-là, il est éternel dans le Ciel. C’est ce qu’a vu Jean alors que le Saint-Esprit l’a transporté dans la présence de Dieu où il l’a contemplé assis sur son trône enveloppé d’un arc-en-ciel luisant comme une émeraude. Cet arc-en-ciel me parle du caractère de Dieu, sa nature éternelle et sans fin, sa souveraineté. Quand j’y songe, je sais que, contrairement à celui de ma fenêtre avec sa petite phrase vide de sens en ce moment, celui du Ciel ne pourra jamais être décoloré ou dissipé par le Soleil. En effet, cet arc-en-ciel enveloppe celui qui demande à ses créatures célestes de proclamer de manière incessante et dans toute éternité : « Saint, saint, saint… » dans une adoration et une louange sans fin puisqu’il « était, est et sera », et qu’absolument tout ne peut vivre, agir et exister qu’en raison de celui qui siège sur le trône environné de cet arc-en-ciel radieux.

La démangeaison s’apaise un peu.

Mon âme, mets-toi sur pause, arrête-toi, rassure-toi. Dieu siège sur son trône. Ses promesses sont fiables en raison de la réalité de son caractère, sa très grande sainteté. En fixant mon regard sur cet arc-en-ciel et sur celui qui siège sur le trône, je sais que je peux faire confiance et même souffrir si les circonstances m’y mènent.